Beaucoup attendaient au sortir de ce troisième round du dialogue inter-togolais que les facilitateurs mettent sur pied un gouvernement de transition avec un premier ministre issu des rangs de l’opposition. Au contraire, les deux camps sont renvoyés dos à dos avec une légère pression mise sur le pouvoir de Lomé.
En effet, en lieu et place de la fumée blanche tant attendue qui était que les facilitateurs imposent une transition avec un chef du gouvernement de l’opposition, c’est la décision de la Cour constitutionnelle qui a été entérinée par les deux camps. Pourtant cette décision avait valu à la Cour Constitutionnelle de vives critiques de la part d’une certaine classe politique. Ainsi, tout comme la Cour Constitutionnelle, les facilitateurs exhortent les différents acteurs à ce que les élections législatives aient lieu avant fin novembre 2018.
Mais la plus importante décision et qui semble mettre en mal le pouvoir de Lomé, reste la demande des facilitateurs à ce que le gouvernement, conformément aux mesures d’apaisement, laisse étendre les manifestations politiques à toutes les villes conformément à la loi. Car, il n’est pas un secret que les manifestations constituent une arme de pression de l’opposition sur le pouvoir et que depuis septembre, par mesure de sécurité, le gouvernement a interdit les manifestations dans trois villes au centre du pays et qui sont considérées par l’opposition comme son bastion. La décision des facilitateurs réjouit à juste titre la C14 qui se frotte déjà les mains d’avoir réalisé un grand coup. Tout en oubliant malheureusement que tout comme les autres décisions qui ne sont pas contraignantes, celles-ci aussi reste non contraignante au gouvernement.
Le fait de demander au gouvernement d’étendre les manifestations aux autres villes suppose que ces trois villes, Sokode, Bafilo et Mango interdites de manifestations depuis les violences de septembre 2017, devraient retrouver le droit de manifester au grand bonheur de la C14 puisque selon l’opposition, ces villes sont les plus contestataires du régime de Lomé. Lorsqu’on sait le rôle joué par ces ville dans l’actuelle crise actuelle avec de violentes manifestations à caractères révolutionnaires, ce serait un coup dur pour le pouvoir de Lomé de voir rependre les manifestations dans ces villes.
A l’issue de la concertation de 27 juin des deux parties, les facilitateurs disent prendre acte des positions et préoccupations de chacune des deux parties et leur recommandent de s’abstenir de tout acte pouvant constituer une menace pour la paix et de faire preuve de retenue.
Le moins qu’on peut dire est qu’en attendant les recommandations des chefs d’État de la CEDEAO lors du prochain sommet qui aura lieu à Lomé, opposition et pouvoir sont tenus de préserver la paix et la voie du consensus en vue de l’organisation les législatives avant fin novembre prochain.