À Abuja au Nigeria, le Parlement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) tient à Abuja, capitale du Nigéria sa première session ordinaire exercice 2024. Le siège de cette institution étant en plein travaux de rénovation, c’est donc celui du Sénat nigérian qui a prêté son cadre à l’ouverture de cette session qui va durer du 1er au 24 Juillet prochain.
En effet, la première session de la sixième législature c’est aussi la première session que préside une femme dans le rôle présidente du parlement. En effet c’est une image forte que le Togo a projeté dans la vie de cette institution avec l’honorable Mme Mémounatou Ibrahima au perchoir ce matin. Pour rappel, elle a été élue Présidente du Parlement de la CEDEAO, le 23 Mai 2024 à Kano et c’est elle qui a personnellement présidé les travaux. Dans son allocution de circonstance, elle a peint le tableau peu reluisant dans la situation qui prévaut actuellement aussi bien au plan international qu’ en Afrique de l’Ouest caractérisée par des conflits armés, les problèmes environnementaux, la pauvreté, l’insécurité et les menaces terroristes : « A peine, sinon pas encore totalement sortis des pandémies et des épidémies, que nous sommes en effet face à de nombreux fléaux et défis qui ont pour noms : la pauvreté, les perturbations climatiques, la crise Russo-ukrainienne, le conflit au Proche-Orient pour ne citer que ceux-ci. A tous ces fléaux s’ajoute malheureusement, un autre phénomène d’une ampleur délirante dans notre région qui est la recrudescence de la menace terroriste, de l’extrémisme violent et du grand banditisme qui coûtent la vie à nos vaillantes forces de défense et de sécurité ainsi qu’à des milliers d’innocentes personnes. Cette menace asymétrique interpelle notre conscience d’Africains et Africaines et je voudrais que nous commencions cette cérémonie en observant une minute de silence en la mémoire de toutes les victimes de cette violence aveugle».
En dépit de ce contexte qui sape les efforts de développement, l’Afrique de l’Ouest reste une zone fort admirable sur certains points. L’année 2024 a enregistré des succès dans la conduite des élections au Togo et au Sénégal. La présidente du parlement s’en est félicité et espère de même pour les élections à venir dans d’autres pays : « Je saisis cette occasion pour rendre un vibrant hommage à Son Excellence Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé, Président de la République Togolaise pour le succès enregistré dans l’organisation des élections le 29 avril 2024 et pour les pertinentes réformes constitutionnelle et institutionnelle opérées au Togo. Je voudrais adresser également mes vives félicitations à Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye FAYE pour sa brillante élection, le 02 avril 2024, à la tête de la République du Sénégal. Dans ces deux pays, nous avons assisté à un processus libre, équitable et transparent. Cela témoigne de la vitalité de la démocratie dans notre région. D’autres élections sont attendues avant la fin de cette année, notamment les présidentielles couplées avec les législatives au Ghana et les législatives en Guinée-Bissau. Je forme le vœu que tous les acteurs politiques de ces pays s’engagent dans un processus électoral libre, pacifique et transparent », a-t-elle souhaité. La Présidente appelle au respect des choix et aspirations des populations ce qui de facto permettra d’éviter d’ouvrir d’autres fronts mais de consolider la démocratie, renforcer l’Etat de droit et le respect des droits humains. Elle exhorte aussi à faire de la paix, la valeur cardinale de notre vivre ensemble. « La recherche de la paix doit être pour nous un leitmotiv et un défi pour la mise en œuvre d’un véritable plan de développement tant au niveau national que régional ». Pour les crises existantes notamment la tension entre le Bénin et le Niger, ou le problème de la sortie de la CEDEAO des Etats du Burkina, du Mali et du Niger, elle a annoncé que des actions urgentes sont en train d’être prises en collaboration avec les autres institutions sous régionales en vue d’y trouver des solutions idoines.
A cette session, le Président de la Commission de la CEDEAO présentera le rapport sur la mise en œuvre du des programmes communautaires. Les parlementaires suivront l’examen des projets d’actes communautaires et la présentation des rapports pays à travers lesquels chaque délégation est appelée à mettre l’accent sur la situation politique, sociale et sécuritaire du pays, l’état de mise en œuvre des instruments de gouvernance et de protocoles communautaires sans oublier les questions relatives aux droits de l’homme et à la promotion des femmes et des jeunes.
Pour rappel, à l’ouverture des travaux, plusieurs personnalités dont le ministre des droits de l’homme, de la formation à la citoyenneté et des relations avec les institutions de la République du Togo, le président de la Commission de la CEDEAO, le président de la cour de justice de la CEDEAO, et bien d’autres hauts fonctionnaires de l’institution et du Nigéria ont apporté leur soutien aux parlementaires dans cet exercice.
Par Essoham TEOU-TEOU, depuis Abuja