
Le Togo, 56 000 km², indépendant le 27 avril 1960, à travers son sous-sol est potentiellement riche en ressources minières capables à elles seules de booster son développement. Malheureusement, force est de constater que, les localités disposant de ces minerais, sont des laissés pour compte en termes de politiques de développement malgré le chapelet de bonnes intentions du gouvernement. Pire, la contribution issue de l’exploitation minière au budget national, frise le ridicule. Dans le but de mettre les professionnels de médias à contribution afin de faire inverser la tendance, un atelier de formation des journalistes en journalisme d’investigation en lien avec le secteur minier a eu lieu à Lomé les 23 et 24 Août dernier.
Initiée par l’ONG COMINTEES dans le cadre de son projet « Dialogue des parties prenantes autour des droits fondamentaux des communautés des zones minières au Togo », cette formation de deux jours a eu pour objectif d’outiller les journalistes sur le journalisme d’investigation en lien avec le secteur minier afin de favoriser une meilleure transparence dans la gestion des ressources minières au Togo. Cette initiative fait suite au constat selon lequel, très peu de journalistes s’intéressent aux sujets relatifs au secteur minier. Or, le journaliste reste un acteur et partenaire stratégique capable de faciliter la mobilisation sociale en vue du respect des droits des communautés locales des zones minières ainsi que la transparence dans la gestion des ressources issues de l’exploitation de ces minerais.
A l’ouverture des travaux de cet atelier, le représentant du ministre en charge des mines et de l’énergie, David Touglo Responsable de la Communication du Ministère qui avait à ses côtés, le représentant de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac) Mathias Ayéna ainsi que du chargé des projets de l’ONG COMINTES, Basile Takpa, a après savoir salué l’opportunité de cette initiative, insisté sur les nombreuses initiatives du gouvernement visant la bonne gouvernance à travers le vote de plusieurs textes de lois. Il a aussi doigté le manque d’équité et d’équilibre parfois déplorable dans le traitement de certains sujets liés au secteur minier du Togo. Le représentant de la Haac pour sa part, qui a pris une part active dans les travaux de cet atelier durant les deux, a beaucoup insisté sur la nécessité pour les journalistes d’aller à l’information, de se spécialiser afin de pouvoir diffuser les informations vraies qui comblent les attentes de leurs lecteurs. Quant au chargé de projet du COMINTES, Basile Takpa, il a déploré le fait qu’il y a manque d’intéressement et d’implication des professionnels de médias aux sujets relatif secteur minier bien que le Togo exploite plusieurs minerais. Ces exploitations pouvaient rapporter bien plus au budget de l’Etat si les journalistes s’y impliquaient pour plus de transparence et de redevabilité. C’est donc cette raison qui a amené COMINTES à soutenir la réalisation de ce projet de formation pour inciter les journalistes à s’intéresser au secteur des mines.

Venus des 5 régions économiques du Togo, les professionnelles des médias privés comme d’Etat, durant les deux jours, ont été formés par Blaise Kossi AYEGNON, journaliste expert formé en journalisme d’investigation par la Banque Mondiale et membre du comité de pilotage de l’ITIEE-Togo, sur trois modules: le journalisme d’investigation en lien avec les projets miniers, la production d’articles d’investigation et l’organisation d’une salle presse. Cet atelier a pour finalité, la mise en place d’un réseau de journalistes d’investigation spécialisés dans le secteur minier sur l’ensemble du pays. Ceci, pour suivre de prêt l’exploitation des gisements sur l’ensemble du pays notamment le ciment, le fer, le marbre, le phosphates, le manganèse, l’Or… et leur contribution au budget de l’Etat. Une déclaration dite de Lomé, a été faite assortie de cinq recommandations à l’endroit des décideurs et acteurs impliqués dans le secteur minier au Togo ainsi que de la communication. Voici les cinq recommandations:
1- Faire obligation d’abord au comité tripartite de gestion des ristournes versées aux collectivités locales de communiquer par voix de médias sur les montants perçus et les plans de développement local en relation avec son utilisation ; que les recettes perçues par l’Etat en relation avec le secteur minier soient détaillées ; que les ristournes versées par l’Etat soient révélées par l’Etat lui-même.
2-Que le Ministère de la communication et la HAAC appuient davantage dans la spécialisation des journalistes à travers des accompagnements multiformes conformément aux textes de loi et normes applicables à l’exercice du métier de journaliste, à la professionnalisation, puis à la formation permanente, basée sur un plan de carrière assidue et dynamique pour faire de la presse une valeur ajoutée à l’économie nationale mais un vecteur de développement au Togo. Un pacte de solidarité autour de l’intérêt commun, selon les ODD.
3-Permettre une implication véritable de la société civile et des médias pour communiquer autour des contrats miniers depuis la décision d’extraction jusqu’à la redistribution des redevances, sur toute la chaine des valeurs.
4-Dans le cadre de reforme institutionnelle pour la mise en place d’une politique minière efficace à laquelle la plateforme des journalistes d’investigation spécialistes miniers adhère aux cotés du ministère des mines, du projet PDGM, du Secrétariat National de l’ITIE, de l’Union Européenne, de la Banque Mondiale, de la Banque Africaine de Développement, et tous les partenaires associés au secteur, ainsi que les parties prenantes et acteurs impliqués dans l’opérationnalisation des reformes encours dans le secteur, nous demandons une collaboration en terme de partage de connaissance visant à renforcer une dynamique structurelle dans le secteur.
5-A l’endroit de nous-mêmes Journalistes d’Investigation, recommandons de rester objectifs dans le traitement de l’information en prônant l’intérêt général et non personnel.
Rappelons que ce projet de COMINTES est financé par l’union européenne et fait suite à la mise en oeuvre de la recommandation 20 de la CVJR relative à l’accès aux droits par tous pour une plus grande justice sociale.