
Johannesburg, un lien historique entre le commerce et l’ambition, a récemment accueilli des discussions pivots qui ont marqué l’avenir de l’automobile en Afrique. La réunion a servi de précurseur du Salon de l’automobile en Afrique, intégré dans le cadre de la grande foire commerciale intra-africaine (IATF2025), prévue à Alger (Algérie) entre le 4 et le 10 septembre 2025.

Des représentants de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) et du gouvernement sud-africain ont souligné l’urgente nécessité de traduire la politique en commerce tangible. Les dirigeants d’Afreximbank ont souligné un obstacle fondamental: non pas les tarifs ou la logistique, mais un déficit d’intelligence du marché réalisable. Les cas d’exemples étaient frappants : la Tunisie, le Maroc et l’Afrique du Sud importent collectivement plus de 400 millions de dollars d’articles en cuir par an en provenance de l’extérieur de l’Afrique, malgré d’importantes capacités de production en Éthiopie, au Kenya et au Soudan. De même, les pays d’Afrique de l’Ouest dépensent plus de 3 milliards de dollars en importer de la viande en provenance de marchés éloignés comme l’Argentine et l’Australie, en négligeant des fournisseurs potentiels, notamment le Mali, la Namibie, le Tchad, le Soudan, le Botswana, l’Afrique du Sud et la zambie.
« Il ne s’agit pas de capacité », a souligné Humphrey Nwogo, directeur régional d’Afrique australe pour Afreximbankl. Le problème, c’est la connectivité. Le problème, c’est le manque d’information. » Ces déséquilibres représentent des chances manquées de création d’emplois, d’ajout de valeur ajoutée et de diversification économique à l’échelle du continent.


Contexte sud-africain : exportations et impératifs
Dans ce contexte, le rôle de l’Afrique du Sud dans le paysage continental de la construction de véhicules reste important. Selon les derniers chiffres du Naamsa et du Conseil des entreprises automobiles, le pays a produit environ 515 000 véhicules en 2024. Combinée à une production importante des pays d’Afrique du Nord, principalement du Maroc et de l’Égypte, la production continentale totale a atteint environ 1,2 million d’unités. Cela contraste fortement avec la production minimale de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Est, ce qui met en évidence un potentiel de croissance important.
«Ces chiffres montrent la base industrielle existante concentrée dans le nord et le sud», explique M. Nwogo. « Le potentiel de reproduction et d’expansion dans d’autres régions africaines est immense. La réalisation d’un objectif de production continentale de 5 millions d’unités est une ambition réalisable sous-tendue par la zone de libre-échange africaine. »
Toutefois, les responsables sud-africains ont reconnu les obstacles qui entravaient une intégration plus poussée. Le Vice-Ministre des travaux publics et de l’infrastructure, Sihle zikalaa, a souligné les contraintes logistiques et les déficits de compétences ayant une incidence sur la compétitivité des coûts pour les exportations sud-africaines ailleurs en Afrique. Il a cité l’exemple d’un collègue tunisien conduisant un véhicule fabriqué en Thailande plutôt qu’en Afrique du Sud. « C’est la raison pour laquelle nous sommes dans cette salle », a fait remarquer M. zikalala, soulignant la nécessité pour la zone de libre-échange africaine de faire face à ces frictions.
Au-delà de l’Assemblée: l’impératif des compétences
La discussion s’est étendue au-delà de la simple assemblée des véhicules pour englober l’ensemble de la chaîne de valeur et l’écosystème des compétences. Les experts de l’industrie ont souligné que la croissance durable exige d’équiper les marchés des compétences techniques et non techniques et non techniques nécessaires pour entretenir les véhicules après la vente. L’Association africaine des constructeurs automobiles (AAAM) a mis l’accent sur son groupe de travail sur le développement des compétences, en mettant l’accent sur le renforcement des capacités des niveaux artisanaux aux échelons de l’élaboration des politiques. Les initiatives comprennent des cours de courte durée pour les fonctionnaires du commerce et l’exposition pratique au sein des usines de fabrication, visant à favoriser l’élaboration de politiques éclairées et la création d’emplois locaux parallèlement à l’industrialisation.

Positions du Kenya concernant les gains de la zone de libre-échange approfondi
Faisant écho à l’objectif d’une approche continentale, le Kenya a utilisé son propre roadhow de l’IATF2025 pour se positionner en tant que pôle commercial, industriel et d’innovation. Secrétaire du Cabinet chargé des investissements, du commerce et de l’industrie, Hon. Lee Kinyanjui a déclaré: «Les solutions aux problèmes de l’Afrique résident avec les Africains. Il est essentiel que les pays du continent renforcent le commerce intra-africain… Avec une population bien éduquée, des ressources abondantes et des banques prêtes à financer les investissements, l’Afrique a ce qu’il faut pour s’élever au niveau suivant. »
Le vice-président exécutif d’Afreximbank, Haytham Elmaayergi, a réitéré le défi du manque d’informations lors de l’événement kényan, en utilisant l’exemple des importations de cuir, et a mis en lumière le secteur de l’innovation numérique du Kenya comme ayant un potentiel d’exportation important dans le cadre de la zone de libre-échange.
Alors que les nations se préparent pour Alger 2025, l’accent reste mis sur l’exploitation des chaînes de valeur régionales, l’accélération de l’industrialisation et la résolution des obstacles à l’information et à l’infrastructure. Le salon de l’automobile en Afrique, au sein de l’IATF, est un marché pivot et un catalyseur pour transformer la promesse de la zone de libre-échange africaine en progrès commercial tangible à travers le continent, la capacité d’exportation établie de l’Afrique du Sud étant prête à jouer un rôle clé dans les défis intérieurs actuels.
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