
Les Burkinabè se rendent aux urnes le 22 novembre 2020 pour élire le nouveau président du Faso pour le prochain quinquennat mais aussi choisir leurs représentants au parlement. Le Rassemblement des Ecologistes du Burkina Faso (RDEBF), parti écologiste est partie prenante à ces élections. Il a présenté des candidats dans treize provinces su pays. Dans une interview accordée à la Rédaction de votre journal panafricain « Planète Ecologie » et au www Afrique-News. Info, le leader des Verts du Burkina M. Adama SERE est revenu sur la stratégie des écologistes, ce qu’il entend faire une fois au Parlement avant d’exhorter tous les acteurs à la vigilance vu la situation sécuritaire inquiétante. Lisez :
Monsieur le Président, les élections présidentielles et législatives c’est dans quelques jours. Les Verts du Burkina sont-ils candidats ?
Adama Séré :Bonjour Nicolas. Permets-moi tout d’abord de louer le travail abattu par votre journal qui, somme toute, contribue à rendre visible les actions de l’écologie et tisse les relations entre les écologistes, ses sympathisants de l’Afrique et ceux du reste du monde. Dans quelques jours effectivement, nous irons aux urnes au Burkina Faso pour choisir le président du Faso et les députés pour un nouveau quinquennat.

Oui les Verts du Burkina sont naturellement partie prenante à ces élections mais seulement pour les élections législatives. Nous avons décidé cette fois-ci d’aller en Coalition avec d’autres partis pour unir nos forces. Notre coalition qui est dénommée la « Coalition Rupture » regroupe aujourd’hui deux partis à savoir le nôtre, « le Rassemblement des Ecologistes du Burkina Faso (RDEBF) » et l’autre « l’Union pour la Renaissance Démocratique, Parti Sankariste (URD/MS) ». Il faut dire qu’au départ, nous étions sept partis à vouloir aller à cette coalition mais après examen, c’est avec l’URD/MS que les Ecologistes ont pu trouver leur compte. Dans le cadre de ces élections législatives, nous couvrons treize (13) provinces de notre pays. A travers ma personne, le RDEBF conduit la liste de la Province du Kadiogo qui comprend Ouagadougou, la capitale de notre pays en tant que tête de liste ; donc premier titulaire. La province du Kadiogo est la plus grande circonscription électorale avec un quotient électoral de 100 000 électeurs pour prétendre avoir un siège. Vous voyez donc l’immensité du travail à abattre pour que nous soyons à l’hémicycle. C’est juste pour vous montrer la lourdeur de la tâche à accomplir. Ceci dit, nous nous battons comme nous pouvons, avec nos maigres moyens et espérons que les écologistes seront comptés le soir du 22 Novembre 2020 parmi les élus parlementaires.
Quelle est votre stratégie de campagne ?
Pour cette campagne, nous avons décidé de travailler avec les moyens de bord. En tant que parti peu nanti, nous avons mis l’accent sur la campagne de proximité à travers ce que nous avons appelé le « réseautage ».
En quoi cela consiste ?
En réalité, le réseautage consiste à recenser nos électeurs en procédant par une descente de la vague qui forme une sorte d’arbre généalogique. Plus la base est grande, moins vous avez d’effort à fournir en descendant et vice versa. L’avantage de cette stratégie, c’est qu’elle permet de faire une estimation de nos potentiels électeurs et permet de faire la campagne à moindre coût comparativement à l’organisation de grands meetings qui nécessitent de gros moyens. Nous faisons également du porte à porte qui est une stratégie qui rapproche le candidat de son électorat et lui permet de mieux apprécier les problèmes que vivent ces derniers. C’est une stratégie que les électeurs apprécient beaucoup.
Quel projet ou programme proposez-vous aux Burkinabè ?
Étant donné que la Coalition ne présente pas de candidat à l’élection présidentielle, nous n’avons pas un programme particulier à présenter aux Burkinabè. Cependant en tant que candidat aux élections législatives, il y a des domaines dans lesquelles nous pensons pouvoir faire des propositions de lois afin qu’il y ait un changement positif dans l’intérêt de tous les Burkinabè si nous sommes élus au soir du 22 Novembre 2020. Ainsi, les domaines visés sont celui du foncier, de l’éducation, de la sécurité, de la santé etc. Nous mettrons aussi un accent particulier sur la réconciliation nationale et tout ce qui concerne la gouvernance du pays. Des sujets phares en tant qu’écologiste seront aussi abordés. Ce sont la question de la gestion des déchets notamment par des correctifs sur la loi portant interdiction de l’utilisation des sachets plastiques, le problème de la contamination des eaux et des nappes phréatiques par les sociétés minières à travers l’utilisation de produits très dangereux et cancérigènes dans leurs activités.
Êtes-vous satisfait des conditions d’organisation de ces deux scrutins ?
De façon générale, nous pouvons dire que les choses se passent bien après plus d’une semaine de campagne dans la tranquillité. Ceci est à mettre à l’actif de l’ensemble des acteurs et partant du peuple burkinabè qui, après des péripéties dans la vie politique, a réussi à mettre en œuvre une structure indépendante pour gérer la question électorale. Cependant il faut reconnaitre qu’il y a un retard au niveau de l’organisation que nous avons constaté en ce qui concerne les informations relatives à l’organisation des élections. C’est également le cas concernant l’information relative au dépôt des listes de délégués des partis dans les bureaux de vote.
L’autre fait que nous déplorons pendant cette campagne à l’instar de celles passées, c’est la corruption de la part du parti au pouvoir et d’autres grands partis sur le terrain, l’achat des consciences, l’utilisation des gadgets publicitaires malgré les interdictions par la loi, notamment l’utilisation des tee-shirts publicitaires notamment par le parti au pouvoir.
Il ne faut pas oublier aussi le fait qu’il y a des zones du pays qui sont écartés de l’organisation de ces élections du fait de l’insécurité. Ce sont donc des milliers de Burkinabè qui ne pourront pas accomplir leurs devoirs citoyens. Mais ceci est le moindre mal car il fallait que l’Etat demeure face à ces terroristes dont le souhait caché est de fragiliser nos institutions.
Ces élections sont organisées dans un contexte d’insécurité. Rencontrez-vous des difficultés sur le terrain ?Craignez-vous des perturbations à cause des activités terroristes ?
Il faut reconnaitre que le contexte dans lequel se déroulent ces élections, est très délicat même si apparemment la campagne se passe dans la tranquillité. Les actes de terrorisme n’ont pas cessé et cela est vraiment inquiétant. Rien que dans la journée du 08 novembre, le chauffeur d’un élu en campagne a été froidement abattu et le véhicule emporté par des inconnus. Vous voyez que la sécurité n’est pas toujours garantie en ces temps de campagne. Chacun fait attention à là où il met les pieds car l’ennemi n’est pas loin.
A cela s’ajoute le fait que certaines zones sont interdites d’accès par les candidats parce qu’étant dangereuses. La campagne se bat avec beaucoup de prudence et beaucoup de peur. Nous prions le Tout Puissant afin qu’il protège notre pays jusqu’à la fin de ces élections.
Votre mot de fin ou un appel particulier aux Burkinabè ?
Ce que j’ai comme message en tant que candidat, c’est de souhaiter bonne chance aux candidats et appeler les uns et les autres à privilégier la présentation des projets de société ou des visions pour un Burkina meilleur.
Je voudrais également inviter tous les acteurs du processus électoral à tout mettre en œuvre afin que les votes se passent dans le calme et la transparence. J’invite tous les partis politiques au respect strict du pacte de bonne conduite qu’ils ont eux-mêmes signé afin que le pays ne sombre dans le chaos avec des crises à ne pas en finir.
Je ne pourrais terminer mes propos sans vous dire merci pour l’opportunité que vous nous donnez de nous exprimer dans vos colonnes. Merci de participer à la conscientisation des uns et des autres pour la prise en compte de l’écologie comme facteur essentiel à la vie et au développement de nos différents pays.
Merci et bonne chance M. le président
C’est moi qui vous remercie.
Propos recueillis par Nicolas Ekué KOUDOHAH
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